Song: Au delà du Vietnam
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Artist: Martin Luther King Jr.
Year: 2013Viewed: 38 - Published at: 4 years ago
Monsieur le président de l'assemblée, mesdames et messieursJe n'ai pas besoin de pause pour dire au combien je suis ravi de me tenir ici ce soir, et au combien ravi de vous voir impliqués en si grand nombre dans les sujets allant être discutés ce soir. Je tiens aussi à dire que c'est pour moi un grand honneur que de partager cette tribune avec les docteur Bennett, docteur Commager et le Rabbin Heschel, et certains leaders et personnalités les plus éminents de notre nation. Et bien-sûr, il est toujours bon de revenir à l'Eglise de Riverside. Durant ces huit dernières années, j'ai eu le privilège de prêcher ici à cette période presque chaque année, et c'est toujours une riche et bonne expérience que de se tenir dans cette magnifique église et parler du haut de cette chaire.
Je viens dans cette magnifique maison d'adoration ce soir car ma conscience ne me laisse d'autres choix. Je me joigne à vous dans cette réunion car je suis profondément en accord avec les buts et les actions de l'association qui nous a rassemblé, la Clergy And Laymen Concerned About Vietnam. Les dernières déclarations de votre comité exécutif sont mon propre sentiment et je me suis découvert en parfait accord lorsque j'ai lu les lignes d'intro :
"Un jour vient quand le silence est trahison".
Ce jour est venu pour nous et le Vietnam.
La vérité de ces paroles ne fait aucun doute, mais la mission dont elles nous chargent est une des plus difficile. Même poussés par les exigences d'une vérité intérieure, les hommes n'acceptent pas si aisément la tâche qui est celle de s'opposer à la politique gouvernementale, et particulièrement en période de guerre. [...]
Certains d'entre nous qui avaient déjà commencé à briser le silence de la nuit ont réalisé que notre métier est bien souvent une vocation à l'agonie, mais nous devons parler. Nous devons parler avec toute l'humilité de notre vision limitée, mais nous devons parler. Et nous devons également nous réjouir car c'est sans doute la première fois dans l'histoire de notre nation qu'un nombre important de chefs religieux choisissent d'aller au-delà de la prophétie du patriotisme trop persuasif pour marcher sur la grande voie d'une ferme dissidence basée sur les ordres de la conscience et la lecture de l'histoire. Peut-être est-ce un nouvel esprit qui grandit en nous. Si c'est le cas, retraçons ses mouvements et prions pour que notre être intérieur soit sensible à ses conseils, car nous avons grand besoin d'une voie nouvelle pour traverser la noirceur qui nous assaille.Ces deux dernières années, après avoir milité pour briser la trahison de mes propres silences et pour faire part des désirs de mon propre cœur, après avoir appelé à l'arrêt immédiat du massacre au Viêt Nam, beaucoup sont venus m'interroger sur la sagesse de ma position. [...]
Puisque je suis prêcheur de métier, je suppose que vous ne serez pas surpris que j'ai sept grandes raisons pour placer le Vietnam dans le champ de ma vision morale.
- Il y a pour commencer un rapport évident et très facile à établir entre la guerre au Vietnam et la lutte que moi, et d'autres, menons en Amérique. Il y a quelques années de cela, il y eut un moment de clarté dans cette lutte. Il a semblé qu'il y avait une promesse réelle d'espoir pour les pauvres, blancs et noirs réunis, à travers le Poverty Program. Puis survint l'escalade au Vietnam, et j'ai vu ce programme brisé et éviscéré comme s'il était devenu le jouet politique inutile d'une société rendue folle par la guerre, et j'ai su que l'Amérique n'investirait jamais les fonds et l'énergie nécessaires pour la réhabilitation des pauvres aussi longtemps que le Vietnam continuerait à drainer les hommes, les talents et l'argent comme un aspirateur démoniaque et destructeur. J'étais alors de plus en plus obligé de voir la guerre comme un ennemi des pauvres et de l'attaquer en tant que tel.
- Peut-être que la prise de conscience la plus tragique de la réalité survint lorsqu'il devint clair pour moi que la guerre ne se contentait pas de dévaster les espoirs des pauvres dans le pays. Elle envoyait aussi leurs fils, leurs
Frères et leurs maris combattre et mourir dans des proportions extraordinairement élevées par rapport au reste de la
Population. Nous prenions de jeunes noirs, estropiés par notre société, et nous les envoyions à 10 000 kilomètres de là pour garantir des libertés en Asie du Sud Est dont ils ne bénéficient pas eux-mêmes dans le sud-ouest de la Géorgie ou dans Harlem Est. Nous avons été placés de manière répétée devant l'ironie cruelle de regarder sur nos écrans des jeunes garçons noirs et blancs tuer et mourir ensemble pour un pays où il ne leur était pas permis de s'asseoir côte
à côte dans les mêmes écoles. Nous les avons vus, dans une même solidarité brutale, mettre le feu aux huttes d'un pauvre village, mais nous réalisons qu'ils ne vivraient jamais dans le même block à Détroit. Je ne pouvais pas rester silencieux devant une si cruelle manipulation des pauvres.
- Ma troisième raison provient de mon expérience dans les ghettos du Nord durant ces trois dernières années et notamment, ces trois derniers étés. En marchant parmi les jeunes gens en colère, rejetés et désespérés, je leur ait dit que les cocktails Molotov et les fusils ne résoudraient pas leurs problèmes. J'ai essayé de leur offrir ma plus profonde compassion tout en conservant ma conviction que le changement social le plus significatif vient à travers l'action non violente. Mais, demandaient-ils, et le Vietnam ? Ils demandaient si notre pays n'utilisaient pas lui-même une dose massive de violence pour résoudre ses problèmes, pour apporter les changements qu'il souhaitait. Leurs questions ont fait mouche, et j'ai su que je ne pourrai jamais plus élever ma voix contre la violence des opprimés dans les ghettos sans avoir auparavant parlé haut et clair au plus grand pourvoyeur de violence du monde aujourd'hui - mon propre gouvernement. Pour l'amour de ces garçons, pour l'amour de ce gouvernement, pour l'amour des centaines de milliers de personnes qui tremblent sous la violence, je ne saurais garder le silence.
- Pour ceux qui me posent la question : « N'êtes-vous pas un dirigeant du mouvement pour les droits civiques ? » et, par là même, pensent m'exclure du mouvement pour la paix, j'ai la réponse suivante : En 1957, lorsqu'un groupe d'entre nous créa la Southern Christian Leadership Conference, nous choisîmes comme devise « Pour le salut de l'âme de l'Amérique». Nous étions convaincus que nous ne pouvions pas limiter notre vision à certains droits des noirs, mais que nous devions au contraire affirmer notre conviction que l'Amérique ne serait jamais libre ou sauvée tant que les descendants de ses esclaves ne seront pas libérés des chaînes qu'ils portent encore.
- Maintenant, il doit être absolument clair que quiconque se préoccupant de l'intégrité et de la vie de l'Amérique aujourd'hui ne peut ignorer la présente guerre. Si l'âme de l'Amérique était empoisonnée, l'autopsie, en partie, révélerait le mot « Vietnam ». L'âme de l'Amérique ne sera pas sauvée aussi longtemps que le pays détruira les espoirs des hommes à travers le monde.
- Que pensent les paysans vietnamiens lorsque nous nous allons avec les propriétaires terriens et que nous refusons de traduire en actes nos nombreux discours concernant une réforme agraire ? Que pensent-ils alors que nous essayons nos dernières armes sur eux, tout comme les Allemands ont essayé leurs nouveaux médicaments et tortures dans les camps de concentration en Europe ? Où sont les racines du Vietnam indépendant que nous prétendons construire ?
- Maintenant, je voudrais qu'il soit clair que, tout en essayant d'être le porte-parole des sans-voix du Vietnam et en essayant de comprendre les arguments de ceux que nous appelons l'ennemi, je suis tout aussi préoccupé par nos propres troupes qui se trouvent là-bas. Parce qu'il m'apparaît que ce à quoi nous les soumettons au Vietnam dépasse le simple processus de brutalité inhérent à toute guerre où se font face deux armées qui cherchent à se détruire. Nous ajoutons le cynisme au processus de mort, car nos soldats doivent se rendent compte assez rapidement que nous ne combattons en réalité pour aucune de ces choses pour lesquelles nous prétendons combattre. Ils doivent très vite se rendre compte que leur gouvernement les a envoyés dans un conflit entre Vietnamiens, et les plus perspicaces comprennent certainement que nous sommes du côté des plus puissants tout en créant un enfer pour les pauvres.
Je viens dans cette magnifique maison d'adoration ce soir car ma conscience ne me laisse d'autres choix. Je me joigne à vous dans cette réunion car je suis profondément en accord avec les buts et les actions de l'association qui nous a rassemblé, la Clergy And Laymen Concerned About Vietnam. Les dernières déclarations de votre comité exécutif sont mon propre sentiment et je me suis découvert en parfait accord lorsque j'ai lu les lignes d'intro :
"Un jour vient quand le silence est trahison".
Ce jour est venu pour nous et le Vietnam.
La vérité de ces paroles ne fait aucun doute, mais la mission dont elles nous chargent est une des plus difficile. Même poussés par les exigences d'une vérité intérieure, les hommes n'acceptent pas si aisément la tâche qui est celle de s'opposer à la politique gouvernementale, et particulièrement en période de guerre. [...]
Certains d'entre nous qui avaient déjà commencé à briser le silence de la nuit ont réalisé que notre métier est bien souvent une vocation à l'agonie, mais nous devons parler. Nous devons parler avec toute l'humilité de notre vision limitée, mais nous devons parler. Et nous devons également nous réjouir car c'est sans doute la première fois dans l'histoire de notre nation qu'un nombre important de chefs religieux choisissent d'aller au-delà de la prophétie du patriotisme trop persuasif pour marcher sur la grande voie d'une ferme dissidence basée sur les ordres de la conscience et la lecture de l'histoire. Peut-être est-ce un nouvel esprit qui grandit en nous. Si c'est le cas, retraçons ses mouvements et prions pour que notre être intérieur soit sensible à ses conseils, car nous avons grand besoin d'une voie nouvelle pour traverser la noirceur qui nous assaille.Ces deux dernières années, après avoir milité pour briser la trahison de mes propres silences et pour faire part des désirs de mon propre cœur, après avoir appelé à l'arrêt immédiat du massacre au Viêt Nam, beaucoup sont venus m'interroger sur la sagesse de ma position. [...]
Puisque je suis prêcheur de métier, je suppose que vous ne serez pas surpris que j'ai sept grandes raisons pour placer le Vietnam dans le champ de ma vision morale.
- Il y a pour commencer un rapport évident et très facile à établir entre la guerre au Vietnam et la lutte que moi, et d'autres, menons en Amérique. Il y a quelques années de cela, il y eut un moment de clarté dans cette lutte. Il a semblé qu'il y avait une promesse réelle d'espoir pour les pauvres, blancs et noirs réunis, à travers le Poverty Program. Puis survint l'escalade au Vietnam, et j'ai vu ce programme brisé et éviscéré comme s'il était devenu le jouet politique inutile d'une société rendue folle par la guerre, et j'ai su que l'Amérique n'investirait jamais les fonds et l'énergie nécessaires pour la réhabilitation des pauvres aussi longtemps que le Vietnam continuerait à drainer les hommes, les talents et l'argent comme un aspirateur démoniaque et destructeur. J'étais alors de plus en plus obligé de voir la guerre comme un ennemi des pauvres et de l'attaquer en tant que tel.
- Peut-être que la prise de conscience la plus tragique de la réalité survint lorsqu'il devint clair pour moi que la guerre ne se contentait pas de dévaster les espoirs des pauvres dans le pays. Elle envoyait aussi leurs fils, leurs
Frères et leurs maris combattre et mourir dans des proportions extraordinairement élevées par rapport au reste de la
Population. Nous prenions de jeunes noirs, estropiés par notre société, et nous les envoyions à 10 000 kilomètres de là pour garantir des libertés en Asie du Sud Est dont ils ne bénéficient pas eux-mêmes dans le sud-ouest de la Géorgie ou dans Harlem Est. Nous avons été placés de manière répétée devant l'ironie cruelle de regarder sur nos écrans des jeunes garçons noirs et blancs tuer et mourir ensemble pour un pays où il ne leur était pas permis de s'asseoir côte
à côte dans les mêmes écoles. Nous les avons vus, dans une même solidarité brutale, mettre le feu aux huttes d'un pauvre village, mais nous réalisons qu'ils ne vivraient jamais dans le même block à Détroit. Je ne pouvais pas rester silencieux devant une si cruelle manipulation des pauvres.
- Ma troisième raison provient de mon expérience dans les ghettos du Nord durant ces trois dernières années et notamment, ces trois derniers étés. En marchant parmi les jeunes gens en colère, rejetés et désespérés, je leur ait dit que les cocktails Molotov et les fusils ne résoudraient pas leurs problèmes. J'ai essayé de leur offrir ma plus profonde compassion tout en conservant ma conviction que le changement social le plus significatif vient à travers l'action non violente. Mais, demandaient-ils, et le Vietnam ? Ils demandaient si notre pays n'utilisaient pas lui-même une dose massive de violence pour résoudre ses problèmes, pour apporter les changements qu'il souhaitait. Leurs questions ont fait mouche, et j'ai su que je ne pourrai jamais plus élever ma voix contre la violence des opprimés dans les ghettos sans avoir auparavant parlé haut et clair au plus grand pourvoyeur de violence du monde aujourd'hui - mon propre gouvernement. Pour l'amour de ces garçons, pour l'amour de ce gouvernement, pour l'amour des centaines de milliers de personnes qui tremblent sous la violence, je ne saurais garder le silence.
- Pour ceux qui me posent la question : « N'êtes-vous pas un dirigeant du mouvement pour les droits civiques ? » et, par là même, pensent m'exclure du mouvement pour la paix, j'ai la réponse suivante : En 1957, lorsqu'un groupe d'entre nous créa la Southern Christian Leadership Conference, nous choisîmes comme devise « Pour le salut de l'âme de l'Amérique». Nous étions convaincus que nous ne pouvions pas limiter notre vision à certains droits des noirs, mais que nous devions au contraire affirmer notre conviction que l'Amérique ne serait jamais libre ou sauvée tant que les descendants de ses esclaves ne seront pas libérés des chaînes qu'ils portent encore.
- Maintenant, il doit être absolument clair que quiconque se préoccupant de l'intégrité et de la vie de l'Amérique aujourd'hui ne peut ignorer la présente guerre. Si l'âme de l'Amérique était empoisonnée, l'autopsie, en partie, révélerait le mot « Vietnam ». L'âme de l'Amérique ne sera pas sauvée aussi longtemps que le pays détruira les espoirs des hommes à travers le monde.
- Que pensent les paysans vietnamiens lorsque nous nous allons avec les propriétaires terriens et que nous refusons de traduire en actes nos nombreux discours concernant une réforme agraire ? Que pensent-ils alors que nous essayons nos dernières armes sur eux, tout comme les Allemands ont essayé leurs nouveaux médicaments et tortures dans les camps de concentration en Europe ? Où sont les racines du Vietnam indépendant que nous prétendons construire ?
- Maintenant, je voudrais qu'il soit clair que, tout en essayant d'être le porte-parole des sans-voix du Vietnam et en essayant de comprendre les arguments de ceux que nous appelons l'ennemi, je suis tout aussi préoccupé par nos propres troupes qui se trouvent là-bas. Parce qu'il m'apparaît que ce à quoi nous les soumettons au Vietnam dépasse le simple processus de brutalité inhérent à toute guerre où se font face deux armées qui cherchent à se détruire. Nous ajoutons le cynisme au processus de mort, car nos soldats doivent se rendent compte assez rapidement que nous ne combattons en réalité pour aucune de ces choses pour lesquelles nous prétendons combattre. Ils doivent très vite se rendre compte que leur gouvernement les a envoyés dans un conflit entre Vietnamiens, et les plus perspicaces comprennent certainement que nous sommes du côté des plus puissants tout en créant un enfer pour les pauvres.
( Martin Luther King Jr. )
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