Song: Death... Death... Death... fragment
Artist:  Lo Ferr
Year: 2000
Viewed: 1 - Published at: 5 years ago

DES MOTS IMAGINÉS qu’on parlera demain
Imaginaire et ses bagages en surplus dans le Jet
Qui s’en va tout à l’heure à Orly comme un ange

Dans ces anges d’acier soumis je vois ton cerne
Dans l’avion qui m’emporte je vois tes yeux orange
J’y mordrai tout à l’heure devant les turbulences

Et l’hôtesse la main au cul m’y coulera
Ô l’eau que tu t’en vas perdant au fond des corridors
Devant ta glace tu t’allumes et tu m’éclaires

Je suis ta pile obscène et mon secteur est trouble
Et mouillé tout à l’heure aux prises avec ton double
La Cité s’émerveille au hasard de mes pas

Tu me le donneras cet enfant de putain
Dis, tu le donneras pliant sous l’incroyable
Dans l’avion tout à l’heure il a plu du jasmin

Je te caresserai dans le vertige de l’escale
Dans le Sud, sous ta robe aux vertus mosaïques
Viens, je te donnerai cet enfant de panique
Roulant sous l’inédit, poussant vers la Musique
Une mélancolie glacée une mélancolie de chic
Je te sais sur ma carte où tu lis le possible

Et ma pensée super lumière est dans ton ventre
À ce moment précis j’emballe Bételgeuse
Tu vois des Caraïbes aux tristesses neigeuses

Sous des soleils patients aux lacostes ombrés
Je te veux de ce froid inédit des tropiques
La fraîcheur de tes joues sous le feu de ma pique

Et tu plies me vidant ton lac assassiné
Et tu coules du plomb dans les anciens vitraux
Dans leur lumière teinte aux soleils en blue-jeans

Tu les peignes dorés tes cheveux de misaine
De ton ventre d’acier ils émergent du spleen
Tu n’y peux rien tu es mon spleen et ma détresse

Mon avoir mon amour mon ancienne pâleur
Quand j’allais encerclé à mon cerceau d’honneur
Mon moi à l’évidence et ta main au panier

Ô ma cerise ancienne éclairée de rougeaille
Du mois de Mai je t’ai et je te garde ouverte
Coule-toi dans ma gorge ouverte sur là-bas
Aime-moi aime-moi aime-moi aime-moi
J’imagine ton nom sur le bord de ma flûte
Octaviant mes syllabes et des oiseaux parleurs

Qui psalmodient ma route regarde-les ceux-là
C’est des tambours voilés comme une marche lente
Et cassant la Musique au long des soirs plissant

J’imagine ton nom sur des lieux innommés
Et des lumières aussi des caravanes douces
Et sableuses où la soif leur fait d’étranges gorges

Je te vois comme une algue bleue dans l’autobus
À la marée du soir Gare Saint-Lazare
Quand ça descend vers le Tiers Monde

Nous sommes tous un peu du tiers
Quand la boue nous apprend à contourner vos lèvres
Ces signes que la bouche invente à Babel Town

Je te vois comme un appareil électronique
Avec des boutons nacre plein la gueule
Et des fils se joignant comme des mains perdues

Dans la nuit aigre au creux d’un nègre blond
Qui te ramène au bord de sa fontaine trouble
Où tu bois les orages inquiétés par tes songes
Je te vois dans les bals d’avant la guerre
Avec du swing dans l’écarlate de la nuit
À peine un peu tirée sous l’ourlet de tes lèvres

Je te vois comme un orgue sur la mer
Avec les cheveux blancs du sperme de l’orage
Elle est bonne ce soir tu en as pris une tasse

Et t’endormant sous moi tu as mis ton drapeau
Comme un taxi fourbu retournant vers son chiffre
Où je comptais ton vernis brun dessous ta peau

Tu me sais dans les bras d’une autre et tu calcules
L’arrivée de ce flot le cubage des brumes
Qui vont porter le deuil dans mon lit de fortune

Tu mesures tout ça à la lueur des pluies
Des tiennes qui s’en vont laver ta grammaire formelle
Tu ordonnances la clarté de tes prunelles

À petits coups de rame en rimmel tu te tires
Vers les pays communs dans la nuit qui s’évade
Je me maquillerai ce soir sous l’arche de ton cul

Je te sais dans les bras d’un autre mannequin
Ceux que tu mets dans toi au rythme de la rue
Au hasard de l’asphalte au rimmel des pavés

Tout comme en soixante-huit quand tu voyais passer
Au hasard des pavés le hasard de tes nuits
De ces nuits qui depuis dix ans n’ont pas bronché

Aime-moi aime-moi aime l’ombre incrédible
Aime le noir néant de l’illusion niée
Et le temps qui n’est pas et le rien de ce temps

Et le temps de ce rien et le temps de la cible
Toi criblée toi donnée carcasse sublimée
Ce qu’il y a de vrai dans toi c’est l’imageable

Comment je te construis à partir de ma nuit
Ma nuit de navigant dans l’éternelle fable
Ma nuit de navigant sur l’horreur de ma table

Éclairée vaguement de ma page pâlie
Et tu es là-dessous avec l’autre visage
Tout est double dans l’autre

L’imaginaire est un Indien dans sa réserve
C’est une raison blême au fronton de ton Toi
C’est une figue sèche et des noix qui la servent

Ô ta figue blanchie d’un sperme inachevé
Je te figue et t’enfigue et me perds en supplices
Au bord de toi vacant d’un désordre voulu

Je suis sauf et ta voix m’asperge de détresse
Ô l’amour qui s’en va de ton sexe et ma voix
Ô ma voix et la tienne et mon silence obscène

Ô ma rue plus glacée qu’un sorbet aux violettes
Ô foutraison de miel dans ce siècle abhorré
Comme toi se gonflant d’un désir germinal

Là-bas aux Caraïbes les machines à écrire
Un soleil où trop pique un tropical dédain
Des plages et des disques toutes noires les plages

Comme les disques enfin et puis toutes moirées
Avec leurs chemins microformes et salés
Les persiennes aussi des jeunes filles en fleurs

En fleurs sauvages où part un galion d’interdit
Des renards argentés là-bas qui se lamentent
Imaginaire un peu les crépuscules dans leur fente

Imaginaire imaginaire imaginaire-moi
Imaginaire-toi alors tu te verras
Tu te verras en filigrane au bord de mes enfances

Mes enfances toujours ont des cheveux d’enfants
Longs longs longs comme une vague ancienne
Et qui n’en finit pas de se rouler dans toi

Comme un tabac séché sous l’autan qui le glace
Viens que je fume un peu de toi sous l’écarlate
Imaginaire-toi imaginaire-moi

Tu es mon visionnaire et je te vois perdant
Quand tu te laves hélas ! Il y a toujours
Un homme quelque part et traqué que tu presses

Et qui verse son sang minéral dans ta cour
Comme ces femmes ensudées que le vent a trompées
Qui sont marquées à vie à mort

Ces marques de la vie qui portent des sanglots
Ces marques de l’amour qui portent les dents longues
Enfoncées dans ce bien qui te faisait féconde

Et des chiens et des loups et des loups sur les yeux
Quand la harpe descend dans la rue avec moi
On fait les commissions et puis elle en rajoute

Les nouvelles guimauves elle a horreur de ça
Elle aime mieux Tristan se carrant l’Ysoldiote
Quand ça descend bien, va... ça flotte...

Une berceuse de la mort je m’en souviens
Avec trompette et tout, par là-haut, vagissant
Une berceuse de la Mort, c’est bath !

La mort lorsque j’y baise ça fait des cris bizarres
Avec des cors en fa dans le grave and so on
Les cordes de la Mort se comptent à la douzaine

DodécaMort DodécaMort DodécaMort
Ça fait plein au studio ça sonne sans combine
Ça fait tout d’ suite un peu lugubre et chouette

Nous étions moi et moi et puis d’autres voyous
Nous avions décidé de mettre un terme aux philos cons
Nous étions habillés de neuf jeans de soirée et pulls de style

Le verre en main pour bien signifier nos origines
Nous sommes tous liquides
L’imaginaire est une mer sans fond

Nous étions moi et moi nous sommes toujours moi
Nous marchons des foulards à la gorge
Le goudron effaçait l’intelligence insurrectionnelle

L’imaginaire avait besoin d’une main fraternelle
Et les pavés aussi c’est bien d’insurrection qu’il s’agit
Je suis d’un autre verbe et d’une autre grammaire

Je détrousse des filles au fond des mers luisantes
Quand les chevaux-vapeur des steamers imaginent
Des sabots font alors un vacarme benzine

Les moutons c’est du fuel à la laine fétide
J’aurai chaud cet hiver à la marée des songes
Les syndicats nous ont baisés et ça n’était pas bon

Les syndicats c’est comme un fuel plutôt glaçant
Les syndicats c’est la mort de la révolution
Et c’est pour ça, petit, que nous imaginons

À tout considérer d’ailleurs le ciel était caca
Je peignais tous les gens et c’était bien pratique
Encordé comme un pendu sabré j’étais magique

Le caca dans le ciel... Antarès se marrait
Pas toi petit pas toi pas vous pas vous non plus
Je peignais tous les gens avec l’imaginaire

Et le vent s’inquiétait je le concurrençais
Berce-moi l’étudiant prends-moi dans tes cahiers
Berce-moi l’étudiant écoute ma chanson

Encarapace-toi de moi escargot de passage
Et qu’il pleuve et qu’il chante alors nous sortirons
Avec nos idées neuves et les chercheurs nous chercheront

Nous descendrons dans leurs gosiers
Avec nos musiques tremblantes alors ils trembleront
Ils nous mastiqueront nous de l’imaginaire

Et n’en reviendront plus leurs désordres codés je n’y ai pas accès
Mon ordre à moi est de la graine des voyous généreux
Dans mes palais on entrera en marche arrière

Pour bien savoir ce que l’on quitte
On entre de plain-pied dans l’incalculé
Et mes ordinateurs ? Ils t’imagineront

Tu ne t’habilles plus tu iras dans la rue
Comme une étude de Chopin et tu tricoteras
Et mon pull de l’hiver il passera dans ta cassette

Quand j’aurai froid à ma musique

[...]

( Lo Ferr )
www.ChordsAZ.com

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