Thème
Ces oiseaux que tu portes en toi depuis septembre
Cette pâleur jalouse où tu mets tes pensées
Ce ventre qui te prend comme un enfant de cendre
Ces souvenirs gâchés qui t’ont pris tes années
Regarde cette église au bout de l’habitude
Regarde ce dessin de Rembrandt dans la nuit
Regarde cette femme en allée vers le Sud
Regarde ce printemps et son sourire appris
Ces parfums qui t’assaillent et qui te désapprennent
Ces routes perforées dans ton programmateur
Ce silence ordonné dans ton cœur qui se traîne
Cette mort de l’oubli comme venue d’ailleurs
Écoute l’horizon dans les bras d’une femme
Écoute la seconde éternelle qui tue
Écoute la lueur qui regarde ton âme
Écoute l’analyse et prends-toi par la rue
Ces chiens partis ailleurs dans ton enfance double
Cet horizon doublé par tes pensées de chien
Ce hasard muselé dans ta télévitrouble
Ce linge larmoyant où sèchent tes chagrins
Goûte cette Raison qui se prend pour ta tête
Goûte dans la Folie ta tête de Raison
Goûte cette chanson qui s’en va dans la fête
Goûte le flot rendu sur la plage des cons
Ce personnage ancien que tu vois dans ta fille
Ce monde incalculé que tu mets dans ton lit
Cette môme impudique au creux de ta bastille
Ce sexe inconsolé qui part de tes habits
Caresse les idées qui mouillent sous l’orage
Caresse l’invendu comme un aspect du mal
Caresse la couleur comme la fleur de l’âge
Caresse l’imagination qui va au bal
Ces femmes comme un goût d’étoiles en allées
Ces hommes comme un ciel immaculé d’étoiles
Cette matière inquiète à des milliards d’années
Cette technologie qui s’en va faire sa malle
Entends le chant blessé qui monte des outrages
Entends le synonyme où se croit la vertu
Entends le vice inquiet quand tu tournes la page
Entends Dieu qui se touche au Paradis Perdu
Ce New York entassé sur ton livre d’histoires
Ces gens qui parlent nègre comme dans un trou noir
Ces quartiers où l’amour en feux rouges se pare
Ces feux qui blancs ou verts interrogent le soir
Prends ta tire et te tire au fronton de l’abîme
Prends le virage au flan et pan dans le destin
Prends l’avion déséquilibré comme ta rime
Prends ta rime et fous-lui tes mecs dans son jardin
Cette valise où meurt l’imaginaire carte
Ces routes que tu mets dans leur ordinateur
Cette odeur du goudron caillé sur la pancarte
Ce sang qui n’a plus rien qu’un oiseau du malheur
Remplis ton terme bref et va-t’en sous la terre
Remplis le verre ami d’un vin plutôt copain
Remplis le ventre indicateur et sa Lumière
Remplis ton seul devoir et prends-moi par la main
Cet enfant comme un arbre insouciant de la bûche
Ce rythme de la vie où percutent des poings
Cet amoncellement de reines dans la ruche
Ce moi de Mai présent comme demain matin
Chante les lendemains comme sur l’Atlantique
Chante la mer allée au bout de son savoir
Chante le désespoir cet enfant de panique
Chante ta vie perdue où grogne le hasard
Ce crépuscule où meurt une idée de paresse
Ce soleil de l’année au vin de l’assassin
Ce miroir où se perd ta gueule et ta tendresse
Cet enfer que tu prends au café le matin
Vois les matins perdus au seuil de l’ineffable
Vois les trains excités au bout de mc2
Vois le quartz de ta montre et les dunes de sable
Vois la terre emportée dans l’immobile bleu
Cette ville parée où mouillent tes galères
Cet alcool dans la gueule inquiète qui te manque
Ces univers tassés dans ton corps de misère
Ces luttes intestines où traîne ton zodiaque
Mets ta voile à l’envers sur ce monde qui tombe
Mets la Folie en vergue et la Raison au pot
Mets la tranche du fruit sous l’arbre qui succombe
Mets du sel dans la merde et de l’or sur tes mots
TU POURRAS EN MANGER
TU SAURAS EN PARLER
SOIS HEUREUX !
Variations
Ces oiseaux que tu portes en toi depuis septembre
Alors que la forêt d’automne s’ébrouait
S’en va dans la mémoire incrédule des cendres
Et toi tu t’en allais dormir où tu pouvais
Cette pâleur jalouse où tu mets tes pensées
Se casse doucement dans les flaques techniques
De ces feux de la rue dans le vert des idées
Où coule la raison comme de la musique
Ce ventre qui te prend comme un enfant de cendre
Comme une cendre amie saupoudre le tombeau
Où meurt et puis renaît ta maman de septembre
La même que l’oiseau qui te voyait de haut
Ces souvenirs gâchés qui t’ont pris tes années
En fuite dans l’oubli comme un avion de rêve
Qui passe et puis repasse et qui veut s’en aller
Et qui ne part jamais qui jamais ne se lève
Regarde cette église au bout de l’habitude
Et qui dresse sa pierre au-delà des passions
Portant vers l’horizon la seule lassitude
Que l’ombre invente alors au creux de ta chanson
Regarde ce dessin de Rembrandt dans la nuit
Ces arbres désolés où fleurit l’incroyable
Dans les mains de l’Artiste un peu comme l’ennui
Qui s’invente à tes yeux comme la dune au sable
Regarde cette femme en allée vers le Sud
Alors que tu la crois dans le chagrin des rues
Alors que traversant ses clous de solitude
Un mec te la chourave et se la fourgue nue
Regarde ce printemps et son sourire appris
Quand les coquelicots font du gringue aux parures
Que la femme secrète accroche dans la nuit
À cette fleur cachée et qui rougit d’allure
Ces parfums qui t’assaillent et qui te désapprennent
Ton odeur que tu vaincs au point de la cueillir
Au bout d’une pochette où tes larmes reviennent
Comme la mer revient chaque soir se sentir
Ces routes perforées dans ton programmateur
Prends-les comme un enfant qui prend ses bateaux blêmes
Et qui sait que jamais n’arrivera d’ailleurs
Un navire incroyable en son bassin de thèmes
Ce silence ordonné dans ton cœur qui se traîne
Frappe-le quelquefois comme on frappe un marlou
Qui buvant son pernod ne connaît pas Verlaine
Qui frappant son destin n’en connaît pas le bout
Cette mort de l’oubli comme venue d’ailleurs
Oublie-la à son tour comme on oublie la veille
Les matins reconquis sous l’arche du bonheur
Et ferme donc leur grande gueule aux souvenirs qui veillent
Écoute l’horizon dans les bras d’une femme
Lorsque de son triangle isocèle il te vient
Le goût de l’univers et que fouillant ton âme
Une équation de la marée te fait du bien
Écoute la seconde éternelle qui tue
Cette mort qui n’en finit plus de sa merveille
Et portant le chagrin au-delà de son cul
Entends le chant gluant dégoulant de sa treille
Écoute la lueur qui regarde ton âme
Tu l’intéresses à tout propos tu vois des fleurs
Descendre de ce rien qui te tient et t’entame
Alors que l’ange noir là-bas jouit des pleurs
Écoute l’analyse et prends-toi par la rue
Les chiffres des passants s’additionnent incroyables
Et puis tu crois quoi donc ? dans ces calculs têtus
Sinon des verbes sots activant les minables
Ces chiens partis ailleurs dans ton enfance double
Ce tambour où battant ton silence éloquent
Tu t’apprenais à faire la paix avec ton double
Toi jouant tes paquets de rêve dans le vent
Cet horizon doublé par tes pensées de chien
Tu grognais lorsque l’os passait dans la vitrine
Et la vitrine te voyant passer n’avait plus rien
Qu’une secrète envie de nous solder ta mine
Ce hasard muselé dans ta télévitrouble
Attend la ligne obscène où le Pouvoir jouit
Le western attitré quand ton bouton le double
Emballe tes chevaux de ce soir à minuit
Ce linge larmoyant où sèchent tes chagrins
Quand tu l’agites au bout du quai des connivences
Depuis ta destinée voit d’électriques mains
Qui lui répondent et c’est le train de la démence
Goûte cette Raison qui se prend pour ta tête
Et vomis ses bienfaits rends-lui son appétit
Prends l’ortie anarchiste et ce sera la fête
Dans les champs germera le pain de la Folie
Goûte dans la Folie ta tête de Raison
Et l’amour encodé traînera dans tes veines
Un peu de son courant branché sur la passion
Que tu prendras quand l’anarchie te met en scène
Goûte cette chanson qui s’en va dans la fête
Et qui retourne enfin à l’heure du jasmin
Qui sort de ce trou noir où tu plongeais ta tête
En avalant toutes les fleurs de Son jardin
Goûte le flot rendu sur la plage des cons
Avant que le jusant ne te montre les traces
De ces amants qui sont passés dans la chanson
Le sable des amants n’est qu’un hôtel de passe
Ce personnage ancien que tu vois dans ta fille
C’est un peu de cet univers embarrassant
Qui ne sait plus attendre et qui refait la ville
Avec les mêmes têtes un peu se ressemblant
Ce monde incalculé que tu mets dans ton lit
C’est un peu de ce carnaval qui recommence
Mets des masques partout petit je te le dis
Partout tu trouveras la pâleur de l’absence
Cette môme impudique au creux de ta bastille
Et qui va dans la cave orale si tu veux
Boire de ce venin qu’ensanglotent les filles
Comme des pleurs rentrés dedans quand ça va mieux
Ce sexe inconsolé qui part de tes habits
Et qui court dans le sang d’une femme infidèle
Que tu ne verras pas que tu prends dans la nuit
Comme si tu prenais une putain pucelle
Caresse les idées qui mouillent sous l’orage
Car elles sont à toi toutes prêtes et va-t’en
T’enfiler leur avènement comme à l’ouvrage
La brodeuse à l’aiguille enfile ses amants
Caresse l’invendu comme un aspect du mal
Il brille dans la nuit dans la rue convertible
En un passage louche et doux comme le pal
Que la vitrine invente à tes yeux accessibles
Caresse la couleur comme la fleur de l’âge
Noire comme l’amour rouge comme l’espoir
Invente-lui des traits à ton feutre sauvage
Pardonne son chagrin quand elle plie le soir
Caresse l’imagination qui va au bal
Donne-lui des enfants pétris dans ton regard
Dis-lui de bien serrer l’imaginaire étal
Où luisent le futur informe et le hasard
Ces femmes comme un goût d’étoiles en allées
Il est temps de les rallumer et de les prendre
Comme on prend la lumière où luisent les années
À des millions de femmes-années pour les surprendre
Ces hommes comme un ciel immaculé d’étoiles
Donne-leur la lumière noire de là-bas
Ils s’en feront des collants doux et puis des voiles
À se prendre pour des marins d’outre-trépas
Cette matière inquiète à des milliards d’années
Prends-lui son agenda toi marchant dans le vide
De cette dérision mathématique allée
Vers Dieu ma foi et qu’elle dise enfin ses rides
Cette technologie qui s’en va faire sa malle
Qu’elle s’en aille enfin sous l’œil niais de l’azur
Portant haut sa grammaire et ses chiffres où s’étale
Sa haine de plastique à te voir faire le mur
Entends le chant blessé qui monte des outrages
Ça crie comme un discogueulasse et ça va loin
Ces couples dans le sang d’une nuit de passage
Où dégouline un cygne de Lédamachin
Entends le synonyme où se croit la vertu
La pudeur aux bas noirs que retiennent des songes
L’austérité en plein visage qui n’est plus
Qu’un chaste souvenir dans les bras du mensonge
Entends le vice inquiet quand tu tournes la page
Il a peur d’être seul sans toi il n’est plus rien
Il se corrompt de n’être plus sur ton visage
Ton miroir sans le vice est un miroir sans tain
Entends Dieu qui se touche au Paradis Perdu
Et le retrouve enfin au bout de la cadence
Quand il jouit et que la forêt s’évertue
À bien s’enraciner son foutre de jouvence
Ce New York entassé sur ton livre d’histoires
Et ses échasses de béton pour mieux rêver
Il est six heures ici et six heures en dollars
L’heure s’est arrêtée pour mieux te déguster
Ces gens qui parlent nègre comme dans un trou noir
Ces enfants qui ok font l’amour en Presley
Ce rock qui tant et tant me rocke me fait voir
Une statue levant la main du mois de Mai
Ces quartiers où l’amour en feux rouges se pare
Défense d’entrer là mon vieux c’est pas ton djob
Cette fille que je prenais devant la gare
Et qui n’en savait rien c’est ça mon côté snob
Ces feux qui blancs ou verts interrogent le soir
Comme chez la voyante et qui sont de quel signe ?
Cette odeur tiède qui monte de ton trou noir
Lorsque ma main branchée on se fout de ses lignes
Prends ta tire et te tire au fronton de l’abîme
Avec les chants perdus de l’ancienne pampa
Invente des chevaux qui mangeront tes rimes
La métaphore de l’avoine les vaincra
Prends le virage au flan et pan dans le destin
Sur le goudron de l’autoroute il y a la Perse
Sous les pavés de soixante-huit il n’y a plus rien
Qu’un slogan tout mouillé des larmes que tu verses
Prends l’avion déséquilibré comme ta rime
Mets-lui les réacteurs de ta grammaire aux chiens
Ton JE devient mon os mon avoir c’est la dîme
Que je touche à tes yeux quand tu m’écoutes bien
Prends ta rime et fous-lui tes mecs dans son jardin
Ils pourront te la mettre en prose ou au champagne
Ça dépendra de ton talent ou bien de rien
Ce rien qui fait rêver les filles sous leur pagne
Cette valise où meurt l’imaginaire carte
Toi transi dans l’attente en bas de tes clients
Ouvre-la de tes doigts sur ta machine en carte
Et qui travaille au noir sur tes pages de vent
Ces routes que tu mets dans leur ordinateur
Elles t’ordonnent enfin de montrer ta frimousse
Au style de ce temps qu’on dit de la terreur
Il y a dans ton jardin des grenades qui poussent
Cette odeur du goudron caillé sur la pancarte
Ça t’apprendra à conjuguer au temps précis
Je pars et puis je t’aime et quand la Mort s’écarte
De ta route tu bois son sexe et lui souris
Ce sang qui n’a plus rien qu’un oiseau du malheur
Au bar de l’infortune il y a des rapaces
Dans ce bistrot de mort le kir ça marche aux pleurs
Quant aux cassis on s’arrange avec la couleur
Remplis ton terme bref et va-t’en sous la terre
Faire des vers enfin qui mangeront pour toi
Je meurs de cette idée et ne peux rien y faire
Que de te mettre la Vérité sous les doigts
Remplis le verre ami d’un vin plutôt copain
Dans sa gorge apéro plante-lui un orchestre
Et Parsifal au beau milieu avec des reins
À planter en cadeau des comètes terrestres
Remplis le ventre indicateur et sa Lumière
Et ta maman saura te voir de son palais
Où remplissant sa mort au mieux de tes manières
Elle pourra te dire enfin ce que tu sais
Remplis ton seul devoir et prends-moi par la main
Qui donc es-tu ange gardien de la rescousse ?
ILS viendront doucement te compter les jardins
Te couper l’herbe en plus pour ne pas que tu pousses
Cet enfant comme un arbre insouciant de la bûche
Que sait-il de ce crépuscule embarrassé
Qui tend l’épaule et que l’oiseau de nuit trébuche
Alors sur une idée qu’il ne peut dépasser ?
Ce rythme de la vie où percutent des poings
Ton cœur à cent quarante où coule l’avant-scène
Et l’heure à la télévision qui bat des mains
Il est six heures ici Saturne se promène
Cet amoncellement de reines dans la ruche
Où la banlieue tient lieu de pollen samedi
Entre deux escaliers accrochée aux merluches
Qui coulent de l’enfer le cul au paradis
Ce moi de Mai présent comme demain matin
Rentre dedans sa veine et fais-lui le sang blême
Coule-lui ta vertu sous ses pavés de rien
Qui se prennent pour l’Architecture soi-même
Chante les lendemains comme sur l’Atlantique
Dans les creux pour le vent qui sera le signal
De cette fin du monde enfin où la musique
Passera comme l’aspirine sur le mal
Chante la mer allée au bout de son savoir
Toi le bateau pensant coulant de latitude
Est-ce moi qui t’amuse au point de ne plus voir
Qu’un sextant de misère au bout de mes études ?
Chante le désespoir cet enfant de panique
Habillé de gris perle au creux de sa maman
La graine germe aussi dans la terre lubrique
C’est dégueulasse et ça fait du bien aux amants
Chante ta vie perdue où grogne le hasard
Dans un coin comme un chien le hasard est en laisse
Laisse-le donc aller pisser il se fait tard
Un coup de dés jamais ne videra la caisse
Ce crépuscule où meurt une idée de paresse
Il est aveugle invente-lui des phares blonds
Et tu verras jusqu’où peut pousser la vieillesse
Dans cette discothèque où fanent des chansons
Ce soleil de l’année au vin de l’assassin
Marque-le dans ton carnet et vieillis la trique
Tes idées de passion tu t’en fous ton chagrin
C’est un soleil fameux qui plie jamais boutique
Ce miroir où se perd ta gueule et ta tendresse
Rentre-lui dans le fond du fond avec tes poings
Ensanglanté tu verras poindre la Sagesse
Au fond de la fontaine qui te rendra tes mains
Cet enfer que tu prends au café le matin
Mélange-le au paradis des artifices
Comme on dit chez les abrutis le style en main
Et l’alcool dans la métaphore du supplice
Vois les matins perdus au seuil de l’ineffable
Invente des chansons aux autobus traqués
À l’arrêt tutélaire orphelinat du diable
Où l’amour à la queue leu leu prend son ticket
Vois les trains excités au bout de mc2
Leurs vertiges d’acier là-bas qui se rejoignent
On dirait que le sexe du temps aime deux
Fois plus fort comme toi dans la nuit qui s’éloigne
Vois le quartz de ta montre et les dunes de sable
Mets la marée à ton poignet tu songeras
À des soleils vaincus à Mercure à ta table
À cette étoile éteinte et qui te tend les bras
Vois la terre emportée dans l’immobile bleu
Paris à ton chevet pleurant des républiques
Danton sous ta chemise à se prendre pour deux
Lui sous le couperet toi sous la fleur publique
Cette ville parée où mouillent tes galères
Coules-y sous ses ponts le foutre de l’honneur
Alors viendra le mauve adoré de naguère
Alors viendra le temps de peindre le malheur
Cet alcool dans la gueule inquiète qui te manque
Remonte-lui le col et qu’il aille pénard
Envahir à nouveau cette viande qui braque
Vers un désir de chienne à peu près sur le tard
Ces univers tassés dans ton corps de misère
Qui sait la dynastie d’où ils tiennent leur loi ?
Qui sait l’année-lumière où ils tiendront la guerre
Sur le lit d’hôpital où l’on t’emportera ?
Ces luttes intestines où traîne ton zodiaque
Où donc les exiler ? devant quel magicien
Les immoler en bavardant et comme on vaque
À des travaux de chic ou de psychomachin ?
Mets ta voile à l’envers sur ce monde qui tombe
Et rentre dans ta mère à reculons ou bien
Rentre dans ce futur à forcer l’outre-tombe
Où ton passé dans cent mille ans sera demain
Mets la Folie en vergue et la Raison au pot
Achète l’équation qui cerne l’imbécile
Et résous-la sur ton papier avec tes mots
Même avec le talent dans ton stylo à bille
Mets la tranche du fruit sous l’arbre qui succombe
Viens au-devant de lui pars au-delà de toi
Sois l’Autre et puis tais-toi et même si tu tombes
N’oublie jamais tu peux toujours cracher d’en bas
METS LA FOLIE EN VERGUE ET LA RAISON AU POT
METS DU SEL DANS LA MERDE ET DE L’OR SUR TES MOTS
TU POURRAS EN MANGER
TU SAURAS EN PARLER
PARS AU-DELÀ DE TOI
PARS AU-DELÀ DU MEC
SOIS HEUREUX MÉTAMEC !
Ces oiseaux que tu portes en toi depuis septembre
Cette pâleur jalouse où tu mets tes pensées
Ce ventre qui te prend comme un enfant de cendre
Ces souvenirs gâchés qui t’ont pris tes années
Regarde cette église au bout de l’habitude
Regarde ce dessin de Rembrandt dans la nuit
Regarde cette femme en allée vers le Sud
Regarde ce printemps et son sourire appris
Ces parfums qui t’assaillent et qui te désapprennent
Ces routes perforées dans ton programmateur
Ce silence ordonné dans ton cœur qui se traîne
Cette mort de l’oubli comme venue d’ailleurs
Écoute l’horizon dans les bras d’une femme
Écoute la seconde éternelle qui tue
Écoute la lueur qui regarde ton âme
Écoute l’analyse et prends-toi par la rue
Ces chiens partis ailleurs dans ton enfance double
Cet horizon doublé par tes pensées de chien
Ce hasard muselé dans ta télévitrouble
Ce linge larmoyant où sèchent tes chagrins
Goûte cette Raison qui se prend pour ta tête
Goûte dans la Folie ta tête de Raison
Goûte cette chanson qui s’en va dans la fête
Goûte le flot rendu sur la plage des cons
Ce personnage ancien que tu vois dans ta fille
Ce monde incalculé que tu mets dans ton lit
Cette môme impudique au creux de ta bastille
Ce sexe inconsolé qui part de tes habits
Caresse les idées qui mouillent sous l’orage
Caresse l’invendu comme un aspect du mal
Caresse la couleur comme la fleur de l’âge
Caresse l’imagination qui va au bal
Ces femmes comme un goût d’étoiles en allées
Ces hommes comme un ciel immaculé d’étoiles
Cette matière inquiète à des milliards d’années
Cette technologie qui s’en va faire sa malle
Entends le chant blessé qui monte des outrages
Entends le synonyme où se croit la vertu
Entends le vice inquiet quand tu tournes la page
Entends Dieu qui se touche au Paradis Perdu
Ce New York entassé sur ton livre d’histoires
Ces gens qui parlent nègre comme dans un trou noir
Ces quartiers où l’amour en feux rouges se pare
Ces feux qui blancs ou verts interrogent le soir
Prends ta tire et te tire au fronton de l’abîme
Prends le virage au flan et pan dans le destin
Prends l’avion déséquilibré comme ta rime
Prends ta rime et fous-lui tes mecs dans son jardin
Cette valise où meurt l’imaginaire carte
Ces routes que tu mets dans leur ordinateur
Cette odeur du goudron caillé sur la pancarte
Ce sang qui n’a plus rien qu’un oiseau du malheur
Remplis ton terme bref et va-t’en sous la terre
Remplis le verre ami d’un vin plutôt copain
Remplis le ventre indicateur et sa Lumière
Remplis ton seul devoir et prends-moi par la main
Cet enfant comme un arbre insouciant de la bûche
Ce rythme de la vie où percutent des poings
Cet amoncellement de reines dans la ruche
Ce moi de Mai présent comme demain matin
Chante les lendemains comme sur l’Atlantique
Chante la mer allée au bout de son savoir
Chante le désespoir cet enfant de panique
Chante ta vie perdue où grogne le hasard
Ce crépuscule où meurt une idée de paresse
Ce soleil de l’année au vin de l’assassin
Ce miroir où se perd ta gueule et ta tendresse
Cet enfer que tu prends au café le matin
Vois les matins perdus au seuil de l’ineffable
Vois les trains excités au bout de mc2
Vois le quartz de ta montre et les dunes de sable
Vois la terre emportée dans l’immobile bleu
Cette ville parée où mouillent tes galères
Cet alcool dans la gueule inquiète qui te manque
Ces univers tassés dans ton corps de misère
Ces luttes intestines où traîne ton zodiaque
Mets ta voile à l’envers sur ce monde qui tombe
Mets la Folie en vergue et la Raison au pot
Mets la tranche du fruit sous l’arbre qui succombe
Mets du sel dans la merde et de l’or sur tes mots
TU POURRAS EN MANGER
TU SAURAS EN PARLER
SOIS HEUREUX !
Variations
Ces oiseaux que tu portes en toi depuis septembre
Alors que la forêt d’automne s’ébrouait
S’en va dans la mémoire incrédule des cendres
Et toi tu t’en allais dormir où tu pouvais
Cette pâleur jalouse où tu mets tes pensées
Se casse doucement dans les flaques techniques
De ces feux de la rue dans le vert des idées
Où coule la raison comme de la musique
Ce ventre qui te prend comme un enfant de cendre
Comme une cendre amie saupoudre le tombeau
Où meurt et puis renaît ta maman de septembre
La même que l’oiseau qui te voyait de haut
Ces souvenirs gâchés qui t’ont pris tes années
En fuite dans l’oubli comme un avion de rêve
Qui passe et puis repasse et qui veut s’en aller
Et qui ne part jamais qui jamais ne se lève
Regarde cette église au bout de l’habitude
Et qui dresse sa pierre au-delà des passions
Portant vers l’horizon la seule lassitude
Que l’ombre invente alors au creux de ta chanson
Regarde ce dessin de Rembrandt dans la nuit
Ces arbres désolés où fleurit l’incroyable
Dans les mains de l’Artiste un peu comme l’ennui
Qui s’invente à tes yeux comme la dune au sable
Regarde cette femme en allée vers le Sud
Alors que tu la crois dans le chagrin des rues
Alors que traversant ses clous de solitude
Un mec te la chourave et se la fourgue nue
Regarde ce printemps et son sourire appris
Quand les coquelicots font du gringue aux parures
Que la femme secrète accroche dans la nuit
À cette fleur cachée et qui rougit d’allure
Ces parfums qui t’assaillent et qui te désapprennent
Ton odeur que tu vaincs au point de la cueillir
Au bout d’une pochette où tes larmes reviennent
Comme la mer revient chaque soir se sentir
Ces routes perforées dans ton programmateur
Prends-les comme un enfant qui prend ses bateaux blêmes
Et qui sait que jamais n’arrivera d’ailleurs
Un navire incroyable en son bassin de thèmes
Ce silence ordonné dans ton cœur qui se traîne
Frappe-le quelquefois comme on frappe un marlou
Qui buvant son pernod ne connaît pas Verlaine
Qui frappant son destin n’en connaît pas le bout
Cette mort de l’oubli comme venue d’ailleurs
Oublie-la à son tour comme on oublie la veille
Les matins reconquis sous l’arche du bonheur
Et ferme donc leur grande gueule aux souvenirs qui veillent
Écoute l’horizon dans les bras d’une femme
Lorsque de son triangle isocèle il te vient
Le goût de l’univers et que fouillant ton âme
Une équation de la marée te fait du bien
Écoute la seconde éternelle qui tue
Cette mort qui n’en finit plus de sa merveille
Et portant le chagrin au-delà de son cul
Entends le chant gluant dégoulant de sa treille
Écoute la lueur qui regarde ton âme
Tu l’intéresses à tout propos tu vois des fleurs
Descendre de ce rien qui te tient et t’entame
Alors que l’ange noir là-bas jouit des pleurs
Écoute l’analyse et prends-toi par la rue
Les chiffres des passants s’additionnent incroyables
Et puis tu crois quoi donc ? dans ces calculs têtus
Sinon des verbes sots activant les minables
Ces chiens partis ailleurs dans ton enfance double
Ce tambour où battant ton silence éloquent
Tu t’apprenais à faire la paix avec ton double
Toi jouant tes paquets de rêve dans le vent
Cet horizon doublé par tes pensées de chien
Tu grognais lorsque l’os passait dans la vitrine
Et la vitrine te voyant passer n’avait plus rien
Qu’une secrète envie de nous solder ta mine
Ce hasard muselé dans ta télévitrouble
Attend la ligne obscène où le Pouvoir jouit
Le western attitré quand ton bouton le double
Emballe tes chevaux de ce soir à minuit
Ce linge larmoyant où sèchent tes chagrins
Quand tu l’agites au bout du quai des connivences
Depuis ta destinée voit d’électriques mains
Qui lui répondent et c’est le train de la démence
Goûte cette Raison qui se prend pour ta tête
Et vomis ses bienfaits rends-lui son appétit
Prends l’ortie anarchiste et ce sera la fête
Dans les champs germera le pain de la Folie
Goûte dans la Folie ta tête de Raison
Et l’amour encodé traînera dans tes veines
Un peu de son courant branché sur la passion
Que tu prendras quand l’anarchie te met en scène
Goûte cette chanson qui s’en va dans la fête
Et qui retourne enfin à l’heure du jasmin
Qui sort de ce trou noir où tu plongeais ta tête
En avalant toutes les fleurs de Son jardin
Goûte le flot rendu sur la plage des cons
Avant que le jusant ne te montre les traces
De ces amants qui sont passés dans la chanson
Le sable des amants n’est qu’un hôtel de passe
Ce personnage ancien que tu vois dans ta fille
C’est un peu de cet univers embarrassant
Qui ne sait plus attendre et qui refait la ville
Avec les mêmes têtes un peu se ressemblant
Ce monde incalculé que tu mets dans ton lit
C’est un peu de ce carnaval qui recommence
Mets des masques partout petit je te le dis
Partout tu trouveras la pâleur de l’absence
Cette môme impudique au creux de ta bastille
Et qui va dans la cave orale si tu veux
Boire de ce venin qu’ensanglotent les filles
Comme des pleurs rentrés dedans quand ça va mieux
Ce sexe inconsolé qui part de tes habits
Et qui court dans le sang d’une femme infidèle
Que tu ne verras pas que tu prends dans la nuit
Comme si tu prenais une putain pucelle
Caresse les idées qui mouillent sous l’orage
Car elles sont à toi toutes prêtes et va-t’en
T’enfiler leur avènement comme à l’ouvrage
La brodeuse à l’aiguille enfile ses amants
Caresse l’invendu comme un aspect du mal
Il brille dans la nuit dans la rue convertible
En un passage louche et doux comme le pal
Que la vitrine invente à tes yeux accessibles
Caresse la couleur comme la fleur de l’âge
Noire comme l’amour rouge comme l’espoir
Invente-lui des traits à ton feutre sauvage
Pardonne son chagrin quand elle plie le soir
Caresse l’imagination qui va au bal
Donne-lui des enfants pétris dans ton regard
Dis-lui de bien serrer l’imaginaire étal
Où luisent le futur informe et le hasard
Ces femmes comme un goût d’étoiles en allées
Il est temps de les rallumer et de les prendre
Comme on prend la lumière où luisent les années
À des millions de femmes-années pour les surprendre
Ces hommes comme un ciel immaculé d’étoiles
Donne-leur la lumière noire de là-bas
Ils s’en feront des collants doux et puis des voiles
À se prendre pour des marins d’outre-trépas
Cette matière inquiète à des milliards d’années
Prends-lui son agenda toi marchant dans le vide
De cette dérision mathématique allée
Vers Dieu ma foi et qu’elle dise enfin ses rides
Cette technologie qui s’en va faire sa malle
Qu’elle s’en aille enfin sous l’œil niais de l’azur
Portant haut sa grammaire et ses chiffres où s’étale
Sa haine de plastique à te voir faire le mur
Entends le chant blessé qui monte des outrages
Ça crie comme un discogueulasse et ça va loin
Ces couples dans le sang d’une nuit de passage
Où dégouline un cygne de Lédamachin
Entends le synonyme où se croit la vertu
La pudeur aux bas noirs que retiennent des songes
L’austérité en plein visage qui n’est plus
Qu’un chaste souvenir dans les bras du mensonge
Entends le vice inquiet quand tu tournes la page
Il a peur d’être seul sans toi il n’est plus rien
Il se corrompt de n’être plus sur ton visage
Ton miroir sans le vice est un miroir sans tain
Entends Dieu qui se touche au Paradis Perdu
Et le retrouve enfin au bout de la cadence
Quand il jouit et que la forêt s’évertue
À bien s’enraciner son foutre de jouvence
Ce New York entassé sur ton livre d’histoires
Et ses échasses de béton pour mieux rêver
Il est six heures ici et six heures en dollars
L’heure s’est arrêtée pour mieux te déguster
Ces gens qui parlent nègre comme dans un trou noir
Ces enfants qui ok font l’amour en Presley
Ce rock qui tant et tant me rocke me fait voir
Une statue levant la main du mois de Mai
Ces quartiers où l’amour en feux rouges se pare
Défense d’entrer là mon vieux c’est pas ton djob
Cette fille que je prenais devant la gare
Et qui n’en savait rien c’est ça mon côté snob
Ces feux qui blancs ou verts interrogent le soir
Comme chez la voyante et qui sont de quel signe ?
Cette odeur tiède qui monte de ton trou noir
Lorsque ma main branchée on se fout de ses lignes
Prends ta tire et te tire au fronton de l’abîme
Avec les chants perdus de l’ancienne pampa
Invente des chevaux qui mangeront tes rimes
La métaphore de l’avoine les vaincra
Prends le virage au flan et pan dans le destin
Sur le goudron de l’autoroute il y a la Perse
Sous les pavés de soixante-huit il n’y a plus rien
Qu’un slogan tout mouillé des larmes que tu verses
Prends l’avion déséquilibré comme ta rime
Mets-lui les réacteurs de ta grammaire aux chiens
Ton JE devient mon os mon avoir c’est la dîme
Que je touche à tes yeux quand tu m’écoutes bien
Prends ta rime et fous-lui tes mecs dans son jardin
Ils pourront te la mettre en prose ou au champagne
Ça dépendra de ton talent ou bien de rien
Ce rien qui fait rêver les filles sous leur pagne
Cette valise où meurt l’imaginaire carte
Toi transi dans l’attente en bas de tes clients
Ouvre-la de tes doigts sur ta machine en carte
Et qui travaille au noir sur tes pages de vent
Ces routes que tu mets dans leur ordinateur
Elles t’ordonnent enfin de montrer ta frimousse
Au style de ce temps qu’on dit de la terreur
Il y a dans ton jardin des grenades qui poussent
Cette odeur du goudron caillé sur la pancarte
Ça t’apprendra à conjuguer au temps précis
Je pars et puis je t’aime et quand la Mort s’écarte
De ta route tu bois son sexe et lui souris
Ce sang qui n’a plus rien qu’un oiseau du malheur
Au bar de l’infortune il y a des rapaces
Dans ce bistrot de mort le kir ça marche aux pleurs
Quant aux cassis on s’arrange avec la couleur
Remplis ton terme bref et va-t’en sous la terre
Faire des vers enfin qui mangeront pour toi
Je meurs de cette idée et ne peux rien y faire
Que de te mettre la Vérité sous les doigts
Remplis le verre ami d’un vin plutôt copain
Dans sa gorge apéro plante-lui un orchestre
Et Parsifal au beau milieu avec des reins
À planter en cadeau des comètes terrestres
Remplis le ventre indicateur et sa Lumière
Et ta maman saura te voir de son palais
Où remplissant sa mort au mieux de tes manières
Elle pourra te dire enfin ce que tu sais
Remplis ton seul devoir et prends-moi par la main
Qui donc es-tu ange gardien de la rescousse ?
ILS viendront doucement te compter les jardins
Te couper l’herbe en plus pour ne pas que tu pousses
Cet enfant comme un arbre insouciant de la bûche
Que sait-il de ce crépuscule embarrassé
Qui tend l’épaule et que l’oiseau de nuit trébuche
Alors sur une idée qu’il ne peut dépasser ?
Ce rythme de la vie où percutent des poings
Ton cœur à cent quarante où coule l’avant-scène
Et l’heure à la télévision qui bat des mains
Il est six heures ici Saturne se promène
Cet amoncellement de reines dans la ruche
Où la banlieue tient lieu de pollen samedi
Entre deux escaliers accrochée aux merluches
Qui coulent de l’enfer le cul au paradis
Ce moi de Mai présent comme demain matin
Rentre dedans sa veine et fais-lui le sang blême
Coule-lui ta vertu sous ses pavés de rien
Qui se prennent pour l’Architecture soi-même
Chante les lendemains comme sur l’Atlantique
Dans les creux pour le vent qui sera le signal
De cette fin du monde enfin où la musique
Passera comme l’aspirine sur le mal
Chante la mer allée au bout de son savoir
Toi le bateau pensant coulant de latitude
Est-ce moi qui t’amuse au point de ne plus voir
Qu’un sextant de misère au bout de mes études ?
Chante le désespoir cet enfant de panique
Habillé de gris perle au creux de sa maman
La graine germe aussi dans la terre lubrique
C’est dégueulasse et ça fait du bien aux amants
Chante ta vie perdue où grogne le hasard
Dans un coin comme un chien le hasard est en laisse
Laisse-le donc aller pisser il se fait tard
Un coup de dés jamais ne videra la caisse
Ce crépuscule où meurt une idée de paresse
Il est aveugle invente-lui des phares blonds
Et tu verras jusqu’où peut pousser la vieillesse
Dans cette discothèque où fanent des chansons
Ce soleil de l’année au vin de l’assassin
Marque-le dans ton carnet et vieillis la trique
Tes idées de passion tu t’en fous ton chagrin
C’est un soleil fameux qui plie jamais boutique
Ce miroir où se perd ta gueule et ta tendresse
Rentre-lui dans le fond du fond avec tes poings
Ensanglanté tu verras poindre la Sagesse
Au fond de la fontaine qui te rendra tes mains
Cet enfer que tu prends au café le matin
Mélange-le au paradis des artifices
Comme on dit chez les abrutis le style en main
Et l’alcool dans la métaphore du supplice
Vois les matins perdus au seuil de l’ineffable
Invente des chansons aux autobus traqués
À l’arrêt tutélaire orphelinat du diable
Où l’amour à la queue leu leu prend son ticket
Vois les trains excités au bout de mc2
Leurs vertiges d’acier là-bas qui se rejoignent
On dirait que le sexe du temps aime deux
Fois plus fort comme toi dans la nuit qui s’éloigne
Vois le quartz de ta montre et les dunes de sable
Mets la marée à ton poignet tu songeras
À des soleils vaincus à Mercure à ta table
À cette étoile éteinte et qui te tend les bras
Vois la terre emportée dans l’immobile bleu
Paris à ton chevet pleurant des républiques
Danton sous ta chemise à se prendre pour deux
Lui sous le couperet toi sous la fleur publique
Cette ville parée où mouillent tes galères
Coules-y sous ses ponts le foutre de l’honneur
Alors viendra le mauve adoré de naguère
Alors viendra le temps de peindre le malheur
Cet alcool dans la gueule inquiète qui te manque
Remonte-lui le col et qu’il aille pénard
Envahir à nouveau cette viande qui braque
Vers un désir de chienne à peu près sur le tard
Ces univers tassés dans ton corps de misère
Qui sait la dynastie d’où ils tiennent leur loi ?
Qui sait l’année-lumière où ils tiendront la guerre
Sur le lit d’hôpital où l’on t’emportera ?
Ces luttes intestines où traîne ton zodiaque
Où donc les exiler ? devant quel magicien
Les immoler en bavardant et comme on vaque
À des travaux de chic ou de psychomachin ?
Mets ta voile à l’envers sur ce monde qui tombe
Et rentre dans ta mère à reculons ou bien
Rentre dans ce futur à forcer l’outre-tombe
Où ton passé dans cent mille ans sera demain
Mets la Folie en vergue et la Raison au pot
Achète l’équation qui cerne l’imbécile
Et résous-la sur ton papier avec tes mots
Même avec le talent dans ton stylo à bille
Mets la tranche du fruit sous l’arbre qui succombe
Viens au-devant de lui pars au-delà de toi
Sois l’Autre et puis tais-toi et même si tu tombes
N’oublie jamais tu peux toujours cracher d’en bas
METS LA FOLIE EN VERGUE ET LA RAISON AU POT
METS DU SEL DANS LA MERDE ET DE L’OR SUR TES MOTS
TU POURRAS EN MANGER
TU SAURAS EN PARLER
PARS AU-DELÀ DE TOI
PARS AU-DELÀ DU MEC
SOIS HEUREUX MÉTAMEC !
( Lo Ferr )
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